
Avec Le Code de la Brousse, publié chez Les Éditions Eichenblatt, l’écrivaine ivoirienne Holy Dolores frappe fort. Poétesse reconnue, désormais romancière engagée, elle signe une œuvre puissante, qui mêle tension narrative, critique sociale et ancrage culturel profond.
Une voix féminine, un regard anticonformiste
Secrétaire chargée de la communication au sein de l’AECI (Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire), Holy Dolores s’affirme dès les premières lignes de son roman comme une écrivaine de convictions. Féministe sans détour, anticonformiste assumée, elle livre un texte fort, né d’un double engagement : universitaire et militant.
Son roman a été inspirée par une recherche académique sur la condition des femmes Noires aux États-Unis, de la fin de l’esclavage aux mouvements des droits civiques. En étudiant les oppressions croisées raciale, patriarcale, sociale elle y découvre un reflet douloureux de la réalité des femmes rurales ivoiriennes. C’est ce parallèle bouleversant qui déclenche l’écriture de Le Code de la Brousse.

Dionpleu : un village, une mémoire, une lutte
Le récit s’ancre à Dionpleu, village de l’Ouest ivoirien, région d’origine de l’autrice. Connaissant intimement les traditions et tensions qui s’y jouent, Holy Dolores y installe un univers à la fois réaliste et symbolique. Dès les premières pages, la disparition inexpliquée d’un chasseur aguerri crée une atmosphère troublante, presque suffocante. Thriller rural, Le Code de la Brousse captive dès les premières lignes, tout en interrogeant les rapports de genre, de pouvoir et d’identité.

Un personnage central : le patriarcat incarné
Le chef du village, le Vieux Dion, incarne à lui seul l’ordre ancien : patriarcal, dominateur, silencieux sur les abus. Il est la “pluie des cultivateurs” mais aussi l’ombre funeste sur les femmes du village. À travers lui, l’autrice dépeint une société où la voix des femmes est toujours mise en sourdine.

Un roman pour les femmes mais pas seulement
Le Code de la Brousse s’adresse à toutes celles et ceux qui cherchent à comprendre les rapports sociaux qui structurent encore aujourd’hui de nombreuses communautés. Holy Dolores ne se contente pas de raconter une histoire. Elle pose des questions, elle résiste par la fiction. En une seule émotion, son roman peut se résumer en un mot : frustration celle d’une société où les règles ne sont pas faites pour toutes et tous.
Et après ?
Portée par l’élan de ce premier roman, Holy Dolores annonce déjà d’autres projets littéraires. Car, dit-elle en citant Frantz Fanon :
« Nous ne sommes rien sur cette terre si nous ne sommes pas d’abord les esclaves d’une cause celle des peuples, de la justice, de la liberté. »
Avec sa plume affûtée et sa vision résolument lucide, elle promet de continuer à faire entendre les voix que l’on préfère encore trop souvent faire taire.
Le livre est disponible partout dans le monde.